Cet
article est aussi disponible pour PDF (Adobe Acrobat.)
L’Action Mondiale
des Peuples c’est quoi?
Histoires et perspectives sur l’Action
Mondiale des Peuples en Europe !
People’s
Global Action (PGA) ou l’Action Mondiale des Peuples (AMP). Il est possible
que ce nom ne vous soit pas inconnu. Mais il se peut aussi que vous ne situiez
pas exactement les dynamiques politiques et structures qu’il recouvre.
Voici donc un petit retour en arrière, avec en perspective la prochaine
conférence européenne de l’amp europe, à belgrade
à l’été 2004, et le développement de structures
d’échanges pour les mouvances anti-autoritaires et anticapitalistes.
Ce texte se centre surtout sur une présentation de l’amp en Europe,
mais fait aussi parfois mention de l’histoire et de la dynamique globale...
Le terme AMPe réfère à l’amp europe. Ce texte n’a
bien sur pas pour vocation de présenter la vérité sur l’histoire
et les objectifs politiques de l’AMPe. Personne ne parle au nom de l’AMPe,
ni ne la représente Il ne s’agit ici que de points de vue partiels,
de quelques individu-es impliqué-es dans une dynamique large, complexe
et passionante.
Des origines aux
contre-sommets...
A la suite de l’insurrection
zapatiste en janvier 1994 au Mexique, un certain nombre de rencontres ont eu
lieu, dont les fameuses “intergalactiques contre le néolibéralisme
et pour l’humanité”, d’abord au chiapas et ensuite
en Espagne. Dans le contexte de marasme politique de l’époque (période
post chute du Mur et donc triomphe éphémère de la pensée
unique) les indigènes zapatistes et leur rebellion avaient su créer
unélectrochoc d’espoir, un peu partout dans le monde. A l’issue
de ces rencontres, on a vu apparaître, d’abord dans les réflexions
théoriques puis concrètement, l’idée d’un réseau
mondial de coordination d’actions et d’échange d’informations,
notamment pour s’attaquer à l’existence même de l’Organisation
Mondiale du Commerce. En février 1998 se tenait à Genève
la 1ère conférence globale de l’ « Action Mondiale
des Peuples contre le néo-libéralisme et l’Organisation
Mondiale du Commerce ». Plusieurs centaines de représentant-e-s
de mouvements populaires du monde entier s’y retrouvèrent : travailleur-euses
de la poste canadienne, écologistes de earth first, militant-es antinucléaires
et fermiè-res français-es, indigènes maori, U’wa,
peuples ogonis, syndicalistes coréen-es, réseau des femmes indigènes
d’amérique du nord, écologistes ukrainien-nes radicales-aux
et des représentants de mouvements paysans des quatres coins de la planète....).
Ils/elles s’accordèrent sur un manifeste politique (1)
(http://www.nadir.org/nadir/initiativ/agp/en/pgainfos/manifest.htm),
sur l’utilisation de l’action directe comme moyen de lutte, sur
une philosophie organisationelle basée sur la décentralisation
et l’autonomie, ainsi que sur la construction d’alternatives basées
sur la démocratie directe. Le tout dynamisé par 12 mouvements,
répartis régionalement tout autour de la planète et qui
avaient un rôle particulier, les “convenors”.
Les convenors...
Les convenors sont des collectifs
qui agissent en tant que points de contact, d’information, de coordination.
Ils co-organisent les conférences, mondiales ou régionales de
l’AMP. Ils peuvent aussi initier des journées globales d’actions
décentralisées notamment par le passé à l’occasion
de sommets de l’OMC. Ils changent régulièrement, à
chaque conférence “régionale”. Lors du premier comité
de convenors, il y avait 3 convenors d’amérique latine, 1 d’europe
de ‘louest et un d’europe de l’est et deux d’asie. Ils
sont actuellement souvent plusieurs par région, notamment en Amérique
latine, et leur travail se partage avec d’autres collectifs. Les premiers
convenors européens furent “reclaim the streets” qui, partant
de l’écologie radicale et des road protest, avaient participé
à faire évoluer les modes d’actions directes anticapitalistes,
notamment par la pratique des fêtes de rue comme bloquages ou les liens
créés avec des mouvements de travailleurs/euses commes les dockers
de liverpool ou les employé-e-s du métro londonien. En Asie, des
tâches de convenors ont été assumée par le KRRS,
syndicat regroupant plusieurs millions de paysan-ne-s indien-n-es et connu pour
sa pratique d’incendie des champs d’OGM Monsanto, ou l’alliance
nationale des mouvements populaires ( qui inclut le Narmada Bachao Andol, un
mouvement indigène luttant contre les barrages du Narmada, le forum na-tional
des pêcheurs-euse-s, l’union des laboureurs-euse-s sans terre d’Andhra
pradesh, etc.). Le convenor actuel d’Asie est la fédération
krisholk (le mouvement des paysan-ne-s sans terre et précaires du bangladesh).
En Amérique latine, PGA a été la croisée de cultures
et histoires très diverses, depuis la CONFEUNASCC, un syndicat de petits
agriculteur-euses en Equateur, le mouvemnt des jeunes Kuna, le mouvement des
planteurs-euse-ss de coca bolivien-ne-s, des groupes du mouvement des sans-terres
ou des jeunes anarchistes urbains du Brésil.
Et la résistance devint
aussi transnationale que le capital...
En mai 1998, les
premières initiatives issues de l’AMP furent quatre jours de résistances
partout dans le monde à l’occasion du sommet du G8 en angleterre
et de celui de l’OMC à Genève. Il s’agissait de la
seconde conférence ministérielle depuis la création de
l’OMC, et la célébration annoncée de 50 ans de GATT
et de règne capitaliste depuis la seconde guerre mondiale. Ce fut en
fait l’inauguration d’une longue série de contre-sommets
par des protestations parmis les plus enfièvrées qu’ait
connu Genève, la fuite des participants au G8 hors de leur cénacle
de Birmingham après l’envahissement de la ville, et 200 000 paysan-nes
indien-nes manifestant pour réclamer la mort de l’OMC. En tout,
des actes de résistance pendant 4 jours. A l’époque la dynamique
était encore très centrée sur des initiatives locales et
des journées mondiales d’actions décentralisées et
initiées par des appels de l’AMP. Une des plus retentissantes fut
la journée anticapitaliste du 18 juin 1999 (J18), toujours pour le sommet
du G8, à Cologne cette fois. Il y eut des actions organisées dans
72 lieux différents, l’arrivée à Cologne de la Caravane
InterContinentale (formées de quelques centaines de représentants
de collectifs d’Inde et d’autres pays du sud) , l’occupation
festive de la City de Londres et la mise à sac d’un centre boursier
par quelques milliers de manifestant-es. Cette période amena la réapparition
massive du terme “anticapitaliste” dans les milieux militants et
les médias, et la concrétisation du slogan “notre lutte
est aussi transnationale que le capital”.
A Seattle en novembre 1999,
la fermeture de la conférence interministérielle de l’OMC
fit la démonstration de l’efficacité d’une multitude
d’actions directes organisées par petits groupes affinitaires (et
quelquefois extrêmement coordonnées comme les bloquages des axes
routiers). Des actions se répartirent dans plus de 70 pays. La «
bataille de Seattle », guidée par les groupes radicaux, fut cependant
bien vite récupérée par la gauche citoyenniste, qui chercha
à en faire un mythe fondateur de ses nouvelles stratégies de cogestion
du pouvoir. En septembre 2000, le sommet du FMI et de la Banque mondiale, à
Prague, fut l’occasion pour l’ampE de tester la complémentarité
de diverses tactiques de luttes, festives, transgenres et mouvantes (le pink
bloc), basées sur le sabo-tage (le black bloc) ou l’offensive non-violente
(le yellow block). Il y eut aussi des multitudes d’initiatives préparatoires,
à l’instar de la“caravane anticapitaliste”, actions
nomades initiées par le réseau sans-titre en espace francophone.
Les contre-sommets, transfomés
en nouvelles grand-messes militantes, s’enchaînèrent ensuite,
malgré le coup de glas répressif de Gènes. Si ces contre-sommets
regroupent aujourd’hui un spectre de groupes, partis politiques, associations
ou ONG “citoyennes”, beaucoup plus large que ceux se reconnaissant
dans l’AMP, on oublie souvent que la base de cette dynamique est directement
issue du travail des groupes radicaux et d’un refus clair du lobbyisme,
de l’Etat-providence et de la “démocratie” parlementaire.
Les hallmarks de l’AMP
L’objectif des échanges
AMP et du réseau AMP est de connecter des groupes locaux qui s’accordent
avec les hallmarks de l’AMP.
- un rejet très clair de
toutes formes et systèmes de domination et de discrimination dont (et
de manière non exhaustive) le patriarcat, le racisme et le fondamentalisme
religieux. Nous reconnaissons la dignité entière de tous les
êtres humains.
- une attitude de confrontation,
puisque nous ne pensons pas que le “lobbying” puisse avoir un
impact majeur sur des organisations à tel point partiales et antidémocratiques,
pour lesquelles le capital transnational est le seul facteur réel déterminant
leur politique.
- un appel à l’action
directe et à la désobéissance civile, au soutien des
luttes et des mouvements sociaux, mettant en avant des formes de résistance
qui maximisent le respect pour la vie et pour les droits des peuples opprimés,
ainsi qu’à la construction d’alternatives locales au capitalisme
mondial.
- une philosophie organisationelle
basée sur la décentralisation et l’autonomie. PGA est
un outil de coordination, pas une organisation.
PGA n’a pas de membres et n’aura
pas de représentation juridique. Nulle organisation ou personne ne peut
représenter PGA.
Evolution politique et autres formes
d’actions...
En dehors de ces manifestations de
masse guidées par l’agenda des institutions capitalistes, la dynamique
AMP a été à l’origine d’autres initiatives
plus ou moins retentissantes. La Caravane Intercontinentale a par exemple permis
à quelque 400 représentant-e-s de mouvements paysans de l’Inde
et à 50 de mouvements populaires du“Sud” de venir manifester
directement au pied d’institutions (OMC, FMI, OCDE, OTAN, etc.) ou de
sièges de multinationales en Europe, de détruire des champs d’ogm
et un laboratoire de recherche d’Etat ou d’échanger avec
des mouvements européens.
Les journées mondiales d’actions
furent aussi l’occasion de développer des pratiques d’action
créatives, même en petit groupe : fêtes de rues, blocages,
occupations, carnavals anticapitalistes, etc. Cette décentralisation
et l’accroissement des contacts entre les groupes permis de mettre en
place divers outils de communication publique participatifs comme indymedia
(il y a maintenant plus de 130 sites indymedia à travers le monde. Indymedia
a été appelé la « plus grande organisation bénévole
du monde »). D’autres sont plus internes comme les listes mail de
l’ampE, carrefour d’annonces d’actions ou d’analyses
aux 4 coins du monde.
En juillet 2002, le campement international
no border de strasbourg, marqua une rencontre entre les modes d’organisation
et approches anticapitaliste de l’ampE, et des actions sur l’immigration
et pratiques de campement offensifs propre au réseau international No
Border. Il en résulta une expérience nouvelle (et encore hésitante)
d’autogestion, de démocratie directe et d’action décentralisées
à 2000 pendant 8 jours. Cette expérience allait cependant très
rapidement devenir une base pour d’autres campement de ce type qui se
propagèrent lors des manifestations contre le G8 de mai 2003 en France
et en Suisse.
La 2e conférence mondiale
de l’AMP eut lieu à bangalore en Inde en août 1999 et fut
l’occasion pour le réseau, d’affirmer, au delà du
“libre échange”, une volonté d’attaque générale
contre le capitalisme et les autres formes de domination comme le sexisme et
le racisme. La décision y fut prise par ailleurs de démarquer
plus clairement le réseau de l’AMP de groupes opposés à
la mondialisation, mais dont les idées divergent fondamentalement des
nôtres comme les groupements d’extrême droite, les partis
politiques ou les ONG réformistes. La 3e conférence de l’AMP
eu lieu à Cocha bomba en Bolivie et mis notamment l’accent sur
l’importance des processus régionaux et locaux.
Malgré ces divers aspects
positifs et après quelques années d’activisme (trop ?) éffréné,
un certain nombre de critiques sur les modes d’orga nisation et les objectifs
politiques de l’AMP se firent de plus en plus visibles. Les mettre à
plat, pour le réseau européen tout au moins, était l’un
des enjeux de la conférence AMPe de Leiden, en août 2002.
La deuxième conférence
européenne de l’AMPe...
La première conférence
européenne de l’ampE avait eu lieu à Milan en 2000 sous
l’hospice de du mouvement “ya basta !” pour la désobéissance
civile et sociale. La deuxième eu lieu en septembre 2002 dans la petite
ville de Leiden au Pays-bas et fut accueuillie par EuroDusnie, collectif anarchiste,
et co-convenors européen avec le Movimiento de Resistencia Global de
Catalogne . Moultes personnes des quatre coins de l’Europe avaient convergé
pour partager analyses et discussions, 500 au total furent répertoriées
à l’inscription. Un des premiers intérêts d’une
réunion de ce type se trouvait tout simplement dans la rencontre individuelle
et le fait de rendre visible, notamment aux yeux des partici-pant-e-s elleux-mêmes,
l’existence d’une mouvance, d’un état d’esprit
commun. C’est aussi l’occasion de faire un état des lieux
des forces et des luttes en présence, des questionnements communs et
ensuite de chercher à avancer sur le couplet “qu’avons-nous
à proposer ?”.
Tout cela dans une ambiance de recherche
de nouveaux déclics après la secousse de Gènes et du 11
septembre: menaces nouvelles liées à l’hystérie sécuritaire
et guerrière des “global leaders” et apeurement des populations.
Deux enjeux principaux avaient été formulés pour les discussions
: la structuration du réseau et les stratégies de changement social.
Nos hôtes néerlandais-es
avaient assuré une organisation visant à un processus participatif
des personnes présentes. Celles-ci étaient invitées à
s’impliquer dans la cuisine, le ménage, la modération et
la préparation des ateliers de discussion, la création d’un
journal quotidien rendant compte des ateliers et débats. Un dispositif
avait également été mis en place pour favoriser le déplacement
de membres de collectifs des pays situés à l’est de la frontière
de l’UE, par une redistribution de la participation aux frais des habitant-e-s
de la zone occidentale.
La question des critères
d’admission avait été posée, sur la base des hallmarks
de l’amp. Il n’y avait cependant pas de mode de sélection
coercitif, seul un questionnaire de motivation a été proposé
à l’inscription.
Les personnes avaient
été vivement encouragées à préparer localement
la conférence. Les journées de discussion furent très chargées
et studieuses, principalement en petits ateliers consacrés aux nombreuses
thématiques proposées par les participant-e-s, à des débats
stratégiques généraux pour le “mouvement”,
ainsi qu’à des groupe de travail sur les structures de l’AMPe.
La question des formes de discussions et de décision furent l’objet
de vifs débats guidés par la volonté de favoriser des formes
participatives, égalitaires et de neutraliser les prises de pouvoir (notamment
par des facilitations, gestes, petits groupes, recherche progressive de consensus...)
De la tyrannie de l’absence
de structures...
L’équilibre entre le
formel et l’informel dans le fonctionnement de l’AMPe en tant que
réseau était donc point important à l’ordre des débats
de structure. L’AMPe est mûe par un fort pen-chant pour les modes
de relations organiques et affinitaires. Mais il apparaissait également
que le fait de ne pas savoir formellement “qui s’occupe de quoi”
rend flou le partage des responsabilités et les lieux de prise des décisions.
Cela peut amener au final à la création de hiérarchies
informelles et d’autant plus difficiles à déconstruire qu’invisibles.
Tout le défi consiste donc à rendre plus explicite le mode de
fonctionnement, sans rigidité crispée ni retour de flamme de nos
réflexes conditionnés - autoritaires et bureaucratiques (2).
Au final, le travail sur les structures de l’AMPe (listes, sites web,
relais d’informations et de contacts, organisation des conférences)
devrait se faire de manière beaucoup plus formelle et ouverte...en espérant
que beaucoup plus de monde s’y investisse. Face à l’absence
de nouveaux convenors et au besoin de préciser le travail sur les structures
du réseau, un nouvelle réunion de travail de l’ampE fut
accueuillie à l’espace autogéré des tanneries de
dijon/france, en mars 2003. C’est à ce moment là que DSM,
regroupement anticapitaliste de belgrade, se proposèrent comme convenors.
Les bilans et décisions sur
le processus de l’ampE de leiden (3), complétés
à dijon (4), sont consultables en détail sur
le web. Elles se basent sur les principes organisationnels de l’AMP, revus
à Cocha bamba. (5).
Les points d’infos...
Pour faire avancer la dynamique
de l’AMPe plus largement et favoriser sa prise en main localement, la
mise en place de “points infos” a été prise en charge,
depuis leiden, par une série de groupes locaux impliqués dans
l’ampE.
Il s’agit de relayer
l’infos, sur les conférences, l’histoire et les projets du
réseau pour les personnes intéressées. Ces points d’infos
ne constituent en aucun cas des “membres” de l’AMPe, mais
doivent servir à rendre plus visible un réseau qui ne s’exprime
finalement jamais en tant que tel. Une liste de contacts est disponible sur
le net. (6)
Les convenors européens et
le groupe de processus...
Le rôle des convenors
européens a été défini à leiden comme l’organisation
de la conférence européenne, la dynamisation et la visibilisation
du réseau, ainsi que le maintien des infra-structures (site web, liste,
contacts) et des contacts avec le reste du globe. Depuis dijon, il a été
décidé que ces tâches seraient partagés avec les
différents collectifs (en particulier les points d’info) souhaitant
s’impliquer dans le processus et les structures de l’ampE. Ces collectifs
constituent le “groupe de processus”.
Un des outils forts du
réseau est le site web de l’AMP (6) qui propose
un grand nombre de textes historiques, annonces et compte-rendus d’action,
compte-rendus issus des conférences de l’AMP. Un autre outil en
développement est le site https://global.so36.net,
un projet d’archives globales thématiques du mouvement sur lequel
vous pouvez publier des articles sur des thèmes et actions.
3 listes web on été
créé comme outil de com-munication pour l’AMPe... la liste
pga_process où devrait être inscrits tous les collectifs impliqués
dans les structures de l’ampE et leur mise en place (conférence,
listes, web, points d’infos...) la liste pga_resistance, liste d’annonce
et de compte-rendus d’évènements et d’actions. la
liste pga_discussion, consacrée au textes de fond et débats. Pour
s’abonner à ces listes, allez au formulaire web. (7)
Les campagnes soutenues...
Des groupes de travail
thématique fonctionnant sur les principes de l’amp se mettent en
place depuis leiden, l’un sur l’eau, un autre sur la mise en place
de forums alternatifs lors des forums sociaux (le hub). Un dynamique de travail
spécifique sur les questions de genre a été démarrée
après Dijon.
Et finalement, l’AMP c’est
quoi ? Un réseau, une co-ordination, une structure ordination d’échange?...
Ces discussions
posèrent la question des pouvoirs et limites d’un réseau
qui se veut basé sur la décentralisation et l’autonomie,
qui ne compte pas de membres, de bureaux ou de compte en banque, et où
personne ne peut parler ou décider au nom de l’AMP. Le débat
sur le rôle de l’AMPe a été relancé, depuis
Leiden et dijon (et se trouve encore loin d’être résolu).
Pour certain-es, il en ressort qu’à la différence des partis
ou d’autres formes de coordination, l’ampE ne devrait pas viser
à décider en son nom de campagnes d’actions.
Même si les rencontres,
structures de commu-nication et réseaux de contacts qu’elle offre
ont pu grandement faciliter la mise en place d’initiatives concrètes
communes, comme en décembre 2002 encore, avec la journée mondiale
d’action en soutien à la rebellion en argentine, ou en juin 2003
sur une partie des actions anti-G8. Cela ne signifie pas que les conférences
AMPe, les convenors ou de simples groupes ne puissent prendre d’initiatives
pour lancer, vis à vis de l’ensemble du réseau, des propositions
d’actions ou des campagnes. L’originalité et le dynamisme
de l’AMPe tient au contraire pour bonne part au fait d’être
une forme de connection qui puisse inspirer des actions. En pratique, les propositions
sont venues par le passé de manière décentralisées.
Les appels à action pour Prague ou Seattle, par exemple, ont été
initiées par des groupes locaux puis reprises par les convenors. L’action
appartient aux collectifs qui la relaient, et agissent localement en leur nom
propre. Pour ces raisons, le réseau AMP en tant que tel n’apparait
généralement pas, ce qui ne le rend pas forcément moins
efficace qu’une forme d’organisation traditionelle.
L’ampE ne vise pas
à prendre des décisions consensuelles sur la stratégie
globale à suivre pour la révolution mondiale. Hormis le manifeste
et les principes/hallmarks, les groupes impliqués dans l’AMPe peuvent
être en désaccord sur toutes sortes de choses (des formes particulières
d’action ou le fait d’aller aux forums sociaux par exemple) sans
avoir à scissioner ou se disputer indéfiniment. Les collectifs
peuvent ainsi essayer diverses expériences politques et revenir en discuter
après.
Pour certain-e-s, l’AMPe
ne devrait décider officiellement que de ses modes de structuration et
des moyens à se donner pour mettre en place les rencontres, listes, sites
web... elle serait donc surtout une structure d’échange pour les
divers groupes qui se retrouvent dans ses principes. Un potentiel déjà
énorme puisqu’il permet à une échelle régionale
et mondiale de favoriser des mo-ments de coordination, d’apprendre à
se connaitre, de confronter nos diverses cultures de lutte, de transmettre des
idées d’actions, contacts et ressources, d’avoir ensemble
des moments privilégiés de bilan de nos actions et de débats
de fond.Pour d’autres, l’AMPe devrait, pour garder un dynamique
plus excitante, pouvoir relancer régulièrement en son nom, en
sus, des campagnes ou journées coordonnées d’action.
A suivre...
D’autres débats en
cours au sein de l’AMPe...
Sortir du ghetto...
La question de l’ouverture
de nos groupes et réseaux, qui cèdent parfois au schéma
de la tribu identitaire et fermée, s’est posée à
plusieurs reprises : comment sortir d’un ghetto d’activistes sûr-e-s
de leur vérité et de leurs méthodes, sans diluer l’aspiration
radicale de nos luttes et pratiques ? Ainsi, en jetant un regard analytique
sur la composition des assemblées, en europe tout au moins, on constate
qu’elles sont majoritairement constituées de “spécialistes”
du militantisme âgées de 20 à 30 ans - même si on
voit passer quelques cheveux blancs -, et une hégémonie de personnes
blanches issues des classes moyennes. Ces ob-servations sont révélatrices
du manque de liens avec les autres catégories de gens (notamment les
immigré-es et sans-papier- es, mais aussi plus généralement
les classes populaires). Une contradiction problématique de nos lutte,
en Europe tout au moins, et d’un réseau qui se revendique “Action
Mondiale des Peuples”.(8)
Aperçu des réflexions
stratégiques...
Les thèmes de discussions
et campagnes politiques abordées étaient multiples. Cependant,
quelques grandes questions ont pu agiter les débats. En voici un aperçu.
Le champ des contre-sommets qui a constitué un credo commun pendant à
peu près deux ans a fait l’objet depuis le printemps 2000 de diverses
critiques: piège de la spirale répressive, manque d’attention
aux luttes locales, récupération par la gauche citoyenniste, recherche
du con-sensus unitaire et de la masse au dépend d’une analyse de
fond, perte de l’effet de surprise, du choix du lieu, du temps, manque
du renouvellement constant nécessaire à l’efficacité
de nos actions. Depuis Seattle, les contre-sommets devraient pour certain-es
être abandonnés aux syndicats et ONG. Adeptes de l’action
concrète et directe, beaucoup veulent créer la surprise sous d’autres
formes et dans des territoires moins quadrillés par les forces de répression.
D’autres estiment que même si ces critiques sont sans nul doute
fondées, il serait regrettable d’abandonner tout simplement le
terrain aux flics et réformistes quand on sait que l’énorme
«aimant » que nous avons créé attire encore des milliers
de personnes que le bla-bla social démocrate n’est pas forcément
le credo. Il semble aussi évident que nous ne pouvons affirmer vouloir
sortir d’un ghetto et parler à toute sorte de personnes, si nous
refusons par exemple de parler à des militant-e-s de base d’Attac
ou d’autres attiré-e-s par les contre-sommets.
Il s’agissait aussi, dans
tous les cas, de ne plus identifier l’ennemi aux seules grosses multinationales
et institutions financières, mais de recentrer la critique sur l’Etat,
le contrôel social, ainsi que sur les rapports de domination (dont le
sexisme, racisme, homo/lesbophobie...), et à la manière dont ils
s’intègrent en nous-mêmes, dans notre quotidien et aux divers
échelons des rapports sociaux. En restant inventif/ve/s et imprévisibles,
il reste possible de secouer la résignation et le goût pour l’aliénation
de nos contemporain-nes. Il a été parlé de développer
des chantiers d’autonomisation, des actions ludiques, assemblées
de rue, caravanes ponctuelles ou permanentes, campement, occupations ou nouvelles
journées internationales d’actions dans des lieux et heures que
nous choisirons.
L’importance des expériences
autogestionnaires, des squats et autres zones autonomes temporaires ou permanentes,
et les périls qui les guettent actuellement en europe, ont été
soulignées. Des suggestions quant à diverses formes de camouflage
ou de tactique anti-répression ont aussi été partagées
dans l’optique d’éviter les petites cases (cages...) de terroriste
dans lesquelles on cherche à nous enfermer.
Sans star médiatique ni expert-e
ou théoricien-ne attitré-e, l’AMPe avançe, grâce
aux apports multiples des créativités singulières, dans
le défi de reconstruire des cadres communs pour l’action collective
- à l’attention de ceux et celles qui n’ont aucune aspiration
à se reconnaître dans la gauche des partis et des syndicats avec
leur cortège d’organisations hiérarchiques et puritaines.
A l’été 2004, la conférence européenne de
Belgrade sera l’occasion de faire avancer ces débats, tout en se
plongeant dans de nouvelles rencontres et projets.
- http://www.nadir.org/nadir/initiativ/agp/en/pgainfos/manifest.htm
- Tyranny of structurelessness
by jo freeman
- http://www.pgaconference.org
/_postconference_/pp_plenarydecision.htm#P3
- http://www.nadir.org/nadir/initiativ/agp/free/dijon/report.htm
- http://www.nadir.org/nadir/initiativ/agp/cocha/principles.htm
- http://www.agp.org/
- http://www.pgaconference.org/_postconference_/mailform_1.htm
- For a detailed
analysis of racism within PGA, see the People’s Global Radio interview
with Maria Teresa Santana, at https://global.so36.net/2002/09/377.html
|